L'histoire


En 2381, la population de la Terre dépasse les 75 milliards d'habitants, la Terre n'a jamais été aussi peuplée et pourtant l'humanité n'a jamais connu une telle prospérité. Le manque de ressources naturelles, le manque de place ou la guerre sont de vieux souvenirs d'une époque révolue qui n'intéresse plus que des historiens nostalgiques. L'humanité a adopté un mode de vie vertical en vivant enfermée dans de gigantesques tours auto-suffisantes appelées monades urbaines. Chaque tour peut abriter jusqu'à 800 000 habitants répartis en fonction de leur statut social dans des cités répondant à des noms de villes du passé. La monade est source de vie et de bonheur, tout le monde est nourri et logé, toutes les formes de divertissements sont accessibles à tous et à tout moment. Tout y est organisé pour que l'humanité puisse se reproduire selon la volonté de Dieu, avoir des enfants c'est promouvoir la vie mais c'est aussi le nouveau symbole de la réussite. Les enfants ayant atteint la maturité sexuelle sont également encouragés à se marier et à se reproduire pour rendre hommage à la gloire de Dieu en promulgant la vie à leur tour.

 



Analyse


Les monades urbaines ont été écrites dans les années 70 par Robert Silverberg, on retrouve assez bien l'emprunte de l'époque dans cette projection futuriste de notre société. La liberté sexuelle fraichement acquise dans les années 60 est un des deux thèmes prédominants dans ce livre, chaque individu peut coucher avec n'importe qui et se refuser à quelqu'un c'est l'offenser. Chaque nuit, les hommes quittent leur domicile pour rejoindre une autre femme mariée de leur choix pour assouvir leur soif de sexe. Ainsi plus personne n'envie l'homme ou la femme d'un autre car la jalousie nuit à la fertilité. Cette liberté apparente n'est qu'un leurre ayant pour but de mieux contrôler les masses et réduire les conflits qui pourraient mettre en doute le fondement de la monade.

L'autre thème prédominant c'est la liberté du corps et de l'esprit. Les monades sont des systèmes auto-suffisants qui facilitent la vie à un tel point que plus personne ou presque n'éprouve le besoin d'en sortir. La plupart des hommes naissent, vivent et meurent dans la monade sans jamais en sortir. Le manque d'espace et d'intimité semblent bien dérisoires face au confort de vie qu'une monade peut offrir. Il s'agit pourtant à nouveau d'un leurre car la monade n'est rien d'autres qu'une prison dorée dans laquelle des ressources vivantes sont gérées et organisées par un ordinateur central qui assure le bon fonctionnement de toute la structure. La vie n'est qu'un artifice de la vie réelle, les hommes ne possèdent plus leur propre vie et en perdent leurs instincts les plus naturels. Ceux qui en prennent conscience et qui le manifestent sont rapidement jetés dans le système de recyclage de la monade.

Avec ses deux thèmes principaux, le livre pose la question de l'homme face au conditionnement. Est-ce qu'un conditionnement sur une longue période peut modifier les gènes de l'homme pour qu'il s'adapte à ce conditionnement? Ou est-ce qu'au contraire toute forme de conditionnement est vouée à l'échec car l'homme ne s'adapte pas à son milieu mais aurait plutôt tendance à adapter le milieu à ses besoins?

 



Avis perso


Les monades urbaines c'est probablement un des livres de science-fiction les plus faciles que j'ai pu lire. L'auteur ne se perd pas dans des mises en situations inutiles, des dialogues trop longs ou des prises de têtes superflues. C'est un style assez direct permettant de lire le livre assez rapidement. Il effleure les problématiques évoquées dans cet article sans trop prendre de position ni tenter d'y répondre par des faits, chacun pourra se faire son opinion. Le livre est construit comme un recueil de nouvelles mettant en scène différents personnages de la monade 116 qui à un moment où un autre de leur vie vont se croiser et influencer leurs destins respectifs.


 



Tous les livres de Robert Silverberg: